Le portage salarial, bien qu’apparu il y a plusieurs décennies, a connu une évolution importante ces dernières années. En effet, ce dispositif permettant de combiner les avantages du salariat et de l’indépendance professionnelle suscite de plus en plus d’intérêt auprès des travailleurs et des entreprises. Afin de mieux comprendre le cadre légal entourant le portage salarial, cet article se penche sur les principales dispositions légales et réglementaires en vigueur.
1. Définition et principes du portage salarial
Le portage salarial est défini par l’article L1251-64 du Code du travail comme « un ensemble de relations contractuelles organisées entre une entreprise de portage, une personne portée et des entreprises clientes comportant pour la personne portée le régime du salariat et la rémunération de sa prestation chez le client par l’entreprise de portage ». Ainsi, ce dispositif repose sur un triptyque composé de la société de portage, du consultant (ou travailleur) et de l’entreprise cliente.
Dans ce cadre, le consultant réalise des missions pour le compte d’un client en conservant son autonomie professionnelle. La société de portage se charge quant à elle d’établir un contrat de travail avec le consultant et un contrat commercial avec l’entreprise cliente. Le consultant bénéficie ainsi du statut de salarié auprès de la société de portage tout en effectuant ses missions en tant qu’indépendant auprès de l’entreprise cliente.
2. L’évolution législative et réglementaire du portage salarial
Le cadre légal du portage salarial a été progressivement construit au fil des années, avec des avancées significatives depuis le début des années 2000. Plusieurs étapes clés ont ainsi marqué l’évolution législative et réglementaire de ce dispositif :
- La loi de modernisation du marché du travail (loi n° 2008-596) du 25 juin 2008 a reconnu pour la première fois le portage salarial en introduisant la notion dans le Code du travail.
- L’ordonnance n° 2010-18 du 7 janvier 2010 a précisé les conditions d’exercice du portage salarial et instauré un cadre juridique provisoire.
- L’accord national interprofessionnel (ANI) du 24 juin 2010 a établi les règles applicables en matière de portage salarial et prévu la création d’une convention collective spécifique.
- La loi relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels (loi n° 2016-1088) du 8 août 2016, dite « loi Travail », a apporté des modifications importantes au cadre légal du portage salarial, notamment en intégrant les dispositions de l’ANI de 2010 dans le Code du travail.
3. Les dispositions légales actuellement en vigueur
Aujourd’hui, le portage salarial est encadré par les articles L1251-64 à L1251-72 et R1251-1 à R1251-29 du Code du travail. Ces dispositions légales et réglementaires traitent notamment des aspects suivants :
- La qualification des contrats de travail : le contrat de travail liant le consultant et la société de portage doit être conclu pour une durée déterminée (CDD) ou pour une durée indéterminée (CDI) avec mission.
- Les conditions d’accès au portage salarial : les consultants doivent justifier d’une expertise, d’une qualification ou d’une compétence dont ils tirent leur autonomie dans la réalisation de leur prestation.
- La rémunération minimale : le consultant en portage salarial doit percevoir une rémunération mensuelle minimale fixée par décret, actuellement égale à 70 % du plafond mensuel de la sécurité sociale.
- L’assurance chômage : les consultants bénéficiant du portage salarial sont couverts par l’assurance chômage dès lors qu’ils remplissent les conditions d’affiliation.
4. La convention collective du portage salarial
Bien que prévue par l’ANI de 2010, la convention collective nationale (CCN) spécifique au portage salarial n’a été signée qu’en 2017. Entrée en vigueur le 1er juillet 2017, cette CCN s’applique à l’ensemble des entreprises de portage salarial et de leurs salariés, qu’ils soient en CDD ou en CDI avec mission.
La convention collective du portage salarial complète et précise les dispositions légales en vigueur, notamment en matière de rémunération, de formation professionnelle, de prévoyance et de conditions de travail. Elle constitue ainsi un outil indispensable pour les professionnels du portage salarial souhaitant sécuriser leurs relations contractuelles et garantir le respect des droits et obligations de chacun.
5. Les perspectives d’évolution du cadre légal
Le cadre légal du portage salarial a connu une évolution notable ces dernières années, témoignant d’une volonté des pouvoirs publics et des partenaires sociaux de mieux encadrer ce dispositif. Toutefois, certains aspects pourraient encore faire l’objet d’améliorations ou d’ajustements, notamment en matière de protection sociale des consultants ou de régulation des sociétés de portage.
Ainsi, il est essentiel pour les professionnels concernés par le portage salarial de rester informés des évolutions législatives et réglementaires susceptibles d’affecter leur activité et leur statut. La maîtrise du cadre légal actuel constitue également un gage de sécurité et de sérénité pour les consultants et les entreprises qui font appel à leurs services.